Histoire de Bordeaux

Des recherches en archéologie indiquent une première agglomération d’une surface estimée à 4 ou 5 hectares sur la rive gauche de la Devèze. Cette agglomération protohistorique trouve son origine à l’âge du fer, au vie siècle av. J.-C.

Burdigala est fondée au ier siècle av. J.-C. par les Bituriges Vivisques, peuple gaulois originaire de la région de Bourges et déplacés par l’Empire romain.

Le géographe Strabon, au début du ier siècle, décrit sommairement l’estuaire avec ses marées et présente Burdigala comme un simple emporion (comptoir de commerce) sans statut civique particulier. Il précise que les Bituriges Vivisques ne font pas partie de la confédération préromaine des Aquitains et sont le seul peuple au sud de la Garonne à parler le gaulois et non l’aquitain. Agrippa, lieutenant de l’empereur Auguste, élargit la province de Gaule aquitaine en y intégrant les cités entre Garonne et Loire et fait tracer une voie romaine de Lugdunum (Lyon) à Bordeaux.

La ville du Haut Empire se construit autour de l’îlot Saint-Christoly, comprenant le cardo et le decumanus (aujourd’hui rue Sainte-Catherine et rues Porte Dijeaux et Saint-Rémi), entre les rivières Devèze et Peugue et la place Pey Berland. En 70, l’empereur Vespasien en fait la capitale administrative de la province romaine d’Aquitaine.

La ville est particulièrement prospère sous la dynastie des Sévères (193-235). Elle englobe alors le mont Judaïque (actuel quartier Saint-Seurin). La ville se dote de monuments comme le forum avec les Piliers de Tutelle et le Palais Gallien (amphithéâtre pouvant contenir 20 000 personnes sur ses gradins en bois).

Dans la perspective de répondre au trafic grandissant, un port intérieur est établi. L’attractivité de la ville l’amène à s’étendre vers les plateaux de Saint-Michel, de Sainte-Eulalie et de Saint-Seurin afin d’accueillir une population de 20 000 habitants. Ainsi de « civitas stipendaria » (cité soumise à l’impôt), elle devient, au iie siècle, un « municipe » (cité dont les habitants jouissent de certains droits de la citoyenneté romaine). Cette prospérité amenant de nombreuses invasions barbares, les légions romaines érigent des remparts de neuf mètres de hauteur entre 278 et 290.

Ausone, né à Burdigala en 309, est rhéteur (professeur de rhétorique) et poète ; il part exercer son activité à la cour impériale, à Trèves et à Milan, avant de retourner finir sa vie à Bordeaux.

Au début du ve siècle, Bordeaux est occupée par les Wisigoths. Les Francs de Clovis s’en emparent après la bataille de Vouillé en 507. Elle est disputée ou échangée plusieurs fois entre les rois mérovingiens. Les Vascons, franchissant les Pyrénées, arrivent sur la rive sud de la Garonne vers 578 : les rois francs réussissent à les contenir.

En 732, Bordeaux est pillée par les troupes du général arabe Abd al-Rahman. Le duc Eudes d’Aquitaine part combattre le califat omeyyade près de Bordeaux : la bataille de la Garonne fait un grand nombre de morts et, bien que vaincu, il reste au duc suffisamment de troupes pour prendre part à la bataille de Poitiers dans laquelle périt Abd al-Rahman.

À la fin du ixe siècle, les « Normands » pillent la ville : une bande menée par le chef viking Hasting met le siège fin 847. Le roi de Francie occidentale, Charles le Chauve, détruit une flottille de neuf drakkars sur la Dordogne, mais ne peut faire lever le siège. Bordeaux est prise en février 848.

Bordeaux devient capitale d’un comté rattaché d’abord au duché de Vasconie (de 852 à 1032), puis au duché d’Aquitaine sous les autorités successives des comtes de Poitiers (de 1032 à 1137) et des Capétiens (de 1137 à 1152).

Au xiie siècle, Bordeaux s’agrandit et de nouvelles enceintes sont édifiées : en 1227 au sud, pour protéger les quartiers neufs (rue Neuve, la Rousselle, etc.) ; en 1327, pour intégrer les nouveaux faubourgs (Sainte-Croix, Sainte-Eulalie, Saint-Michel), elle prospère grâce au commerce du vin d’Aquitaine.

Depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine en 1152, la Guyenne est en union personnelle avec le royaume d’Angleterre mais son souverain, comme duc vassal, doit rendre hommage au roi de France. Bordeaux est disputée dans les guerres qui opposent les Plantagenêt aux rois de France et occupée par Philippe IV le Bel de 1294 à 1303 mais elle finit par se révolter contre les Français qui doivent la restituer au roi d’Angleterre. Pendant la guerre de Cent Ans, Édouard III d’Angleterre refuse l’hommage au roi de France : Bordeaux, fidèle au roi d’Angleterre, est assiégée sans succès par Philippe VI de 1337 à 1340. Les Bordelais fournissent une flotte de 50 bateaux pour reprendre Libourne aux Français. La Peste noire qui sévit en 1348 vient interrompre les combats qui reprennent bientôt. Le fils aîné d’Édouard III, Édouard de Woodstock, le « Prince noir », fixe sa résidence à Bordeaux et mène des chevauchées dévastatrices contre les terres françaises en 1355 et 1356. Après sa victoire de Poitiers, le Prince noir règne en prince souverain et instaure le premier parlement de Bordeaux en 1362. Son fils, qui règne sur l’Angleterre et la Guyenne, est appelé « Richard de Bordeaux ».

En 1377, Bordeaux repousse une armée française commandée par Bertrand du Guesclin. En 1400, elle se révolte, cette fois contre le roi d’Angleterre Henri IV qui a détrôné et peut-être fait assassiner Richard II « de Bordeaux ». Bordeaux fait figure de république indépendante. En 1406-1407, une flotte bordelaise chasse les Français de la Gironde et les oblige à abandonner les sièges de Blaye et Bourg. En 1416, les Bordelais acceptent de rendre hommage à Henri V, tout en conservant leur autonomie.

La reddition de Bordeaux et la bataille de Castillon en 1453 ramènent la ville sous l’autorité du roi de France : les Bordelais doivent se résigner à une autorité qu’ils n’aiment guère et qui, dans les actes officiels, remplace le gascon par le français.

Charles VII décide en 1459 de faire de Bordeaux une ville royale et d’y faire édifier plusieurs forteresses pour dissuader les Bordelais de se révolter : le fort Louis au sud, le fort du Hâ pour défendre la ville des attaques venant du sud et de l’ouest, et le château Trompette pour la protéger du côté de la Garonne. Le commerce du vin aquitain avec l’Angleterre s’arrête et le port maritime de Bordeaux redistribue son commerce vers les autres ports d’Europe. La cathédrale Saint-André et la Grosse cloche sont construites. Cette dernière est composée de deux tours circulaires de 40 mètres de haut reliées par un bâtiment central et dominée par le léopard d’or. Les magistrats de la ville sonnaient la cloche pour donner le signal des vendanges et alerter la population en cas de début d’incendies. C’est la raison pour laquelle elle est devenue le symbole de la ville et figure encore aujourd’hui sur les armoiries de la cité.

En 1462, le roi Louis XI rend ses libertés à la ville et rétablit son parlement. Après avoir signé la paix avec les Anglais en 1475, il rouvre le port de Bordeaux au commerce anglais.

En 1470, le château du Hâ devient la résidence de Charles de Valois, nommé duc de Guyenne par son frère Louis XI. Le château, devenu le siège d’une cour brillante, connaît une courte époque de splendeur jusqu’au décès du duc qui y meurt le 24 mai 1472.

En 1441, pendant la période anglaise et sur proposition de l’archevêque Pey Berland, un rescrit du pape crée une université sur le modèle de celle de Toulouse, fondation confirmée par Louis XI en 1472.

En 1533, François Ier fonde le collège de Guyenne, centre d’humanisme avec des maîtres venus de Paris, de Padoue ou des Pays-Bas d’où sortent des élèves comme Montaigne et Étienne de La Boétie.

Bordeaux connaît son second apogée du milieu du xviie siècle jusqu’à la Révolution française. Cette prospérité provient à nouveau de son port, qui va devenir le premier port du royaume. Ainsi, la ville compte 40 000 habitants en 1700, ce qui en fait l’un des centres urbains les plus importants du royaume. Pendant cette période de prospérité pour la ville, les archevêques, les intendants et les gouverneurs installés par le roi, embellissent la ville, assèchent les faubourgs marécageux et insalubres et aménagent les anciens remparts.

La traite des noirs, déjà initiée par les grandes compagnies portugaises ou anglaises notamment, va se développer peu à peu en France. Au même titre que Nantes, La Rochelle, au Havre et bien d’autres, Bordeaux devient un centre négrier et permet à certaines grandes familles de négociants de s’enrichir grâce au commerce colonial triangulaire ou en droiture.

L’architecte André Portier construit, à la place des portes fortifiées de la vieille ville, des arcs de triomphe majestueux comme la porte d’Aquitaine (place de la Victoire), la porte Dijeaux (place Gambetta/ Rue Porte Dijeaux), la porte de la Monnaie (quai de la Monnaie) ou encore la porte de Bourgogne (place de Bir-Hakeim). La ville se dote également d’un opéra construit par Victor Louis. À la demande de Tourny, l’architecte de Louis XV, Ange-Jacques Gabriel, crée le Jardin public, voulu comme un espace vert et un haut lieu de promenade qui rencontre très vite la faveur des Bordelais. La flèche Saint-Michel est construite.

Gabriel construit la place de la Bourse, alors appelée place Royale. Elle sert dans un premier temps d’écrin à la statue équestre du roi Louis XV, érigée en 1756, mais elle est fondue en 1792 pour fabriquer des canons. Elle est remplacée en 1869 par la fontaine des Trois Grâces.

La ville devient une des capitales européennes des Lumières dont Montesquieu est le précurseur.

Bordeaux se rallie à la Révolution et, lors de la création des départements en 1790, devient le chef-lieu de la Gironde.

Dès son arrivée à Paris en 1791, le député bordelais Armand Gensonné s’inscrit à la Société des amis des Noirs, dont l’objectif est d’obtenir l’égalité entre les hommes blancs et les hommes de couleur libres.

Un groupe politique appelé la Gironde se forme à la Convention, auquel appartient Gensonné. Quand la Commune de Paris fait encercler la Convention et voter l’exécution des Girondins (le 2 juin 1793), Bordeaux est une des villes qui se soulèvent contre le coup de force de la Montagne. Le représentant en mission Tallien, envoyé par la Convention montagnarde, fait tomber les têtes de nombreux opposants girondins et royalistes.

Napoléon ordonne en 1810 la construction du pont de pierre. Après les guerres napoléoniennes, la cité se métamorphose à la Restauration avec la démolition du château Trompette, en 1816, remplacé par la place des Quinconces (1818-1827). Le pont de pierre est achevé en 1822 ; le même architecte, Claude Deschamps, construit l’Entrepôt Lainé. Le faubourg rive droite de la Bastide connaît ses premiers développements. La ville s’étend vers l’ouest avec la construction d’échoppes, maisons basses caractéristiques du paysage urbain bordelais. Bordeaux poursuit sa modernisation avec la création des boulevards et la démolition des vieux quartiers. L’hôpital Saint-André, fondé au xive siècle, est entièrement reconstruit en 1829.

Le maire Adrien Marquet modernise la ville qui se dote d’une architecture Art-déco, comme la nouvelle Bourse du travail, la piscine judaïque, le stade Lescure, le centre de tri postal Saint-Jean ou les abattoirs.

En 1947, Jacques Chaban-Delmas, qui avait commandé la Résistance lors de la libération de Paris, devient maire. Il industrialise la ville, avec comme élément moteur le domaine aéronautique et spatial.

De 1960 à 1975, plusieurs grands aménagements ont été réalisés : création du quartier du Grand Parc et du quartier du Lac ; rénovation du quartier Mériadeck ; réaménagement du quartier de La Bastide ; délimitation d’un vaste secteur sauvegardé de 150 hectares ; transfert des universités au domaine universitaire de Talence Pessac Gradignan ; franchissement de la Garonne par trois nouveaux ponts (en 1965, 1967 et 1993) et ouverture d’une rocade (1967).

(extraits de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bordeaux)

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